Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

APPENDICE. 415

fices et qu’en ce cas, la Cisalpine était prête à faire à la France tous les sacrifices qu’elle pouvait désirer; sur ce, Bonaparte a indiqué le conseil secret de cabinet du 14 pluviôse, qui est le 5 février, à huit heures du matin.

Ce conseil était de dix-neuf personnes, y compris Melzi, Talleyrand, Ségur l'ainé, Berthier, Decrès, Murat, Champagny; Fouché, Préameneu, Joseph Bonaparte, Cambacérès, Sieyès, Mortier; le reste était Italiens venus avec Melzi. Durant seul, admis à tenir la plume et Talleyrand, invité à faire le rapport sur l'exposé fait par Champagny du sujet à delibérer.

C’est alors que Talleyrand a tiré de sa poche et a lu d'un bout à l'autre le n° 21, avec un applaudissement universel et sans être contredit par un seul. Sieyès a affecté d'être émerveillé de ce beau discours quoiqu'il eût une grande haine pour Talleyrand.

Il n'a été pris ni avis, ni délibération, ni conclusion; on a causé une heure, m'a dit Durant, sur cet objet, comme chose résolue et la fin a été l’ordre du plus profond secret et celui à Talleyrand d'envoyer son discours à Bonaparte seul.

Pour cela, il a fallu le copier. Durant me l'a confié et je vous ai rendu le service d'en estamper une copie sûr ma copie que voilà avec la copie du biliet de Bonaparte à Talleyrand du 7 février, lorsque le 6 au soir, Durant lui porta le discours de Talleyrand. Ce discours est entièrement en sa totalité de Talleyrand; mais il est en entier mis en ordre par Durant et à peu de chose près il est devenu son opinion, mais par le molif d'occuper Bonaparte et de l’empêcher de tyranniser la France. C'est une vue étroite, mais chacun a sa faiblesse.

Voici comment compose Talleyrand, et cela est sans aucune exception pour tout ce qu'il fait, et quiconque dira qu’il a fait une seule pièce, ne fût-elle que de quatre lignes, sans la composer ainsi, ment très sûrement; je le vois depuis que je le connais et le tiens de mon père, qui l’a vu de tout temps.