Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

qui n'apparaissait que confusément chez son brillant prédécesseur.

Tout ce qui est vrai de la personne de Burke l’est encore à un plus haut degré de celle de Necker‘. Ce protestant arrivé à la tête des affaires en France constituait pour les descendants des persécutés de 1685 la plus belle revanche qu’on püût imaginer. Et tout en lui était fait pour inspirer la confiance. IL avait sur Garve et Burke l’avantage incontestable d'avoir été un témoin oculaire de la Révolution®. Il avait même été acteur dans ce grand drame, et à ce point de vue son témoignage aurait pu se ressentir du rôle qu’il avait lui-même joué. Mais Necker venait justement de critiquer l’œuvre de cette Assemblée constituante, à la naissance de laquelle il avait contribué pour une part importante. Dans

1. Nous ne pouvons déterminer tout à fait exactement quand Gentz a connu le livre de Necker intitulé : Du pouvoir exécutif (T. I, 1790 — T. II, 1791), mais ce fut certainement, soit en 1791 soit en 1792, puisqu'il le cite souvent dans les notes de sa traauction de Burke. Ces nombreuses citations, aussi bien que les

rapprochements que nous faisons plus loin, prouvent que le livre de Necker fit une très grande impression sur lui.

2. Même sur Humboldt, car peut-on considérer Humbolät comme témoin oculaire, parce qu'il a assisté à une séance de l'Assemblée constituante ? Il semble d’ailleurs avoir bien peu profité au point de vue politique de ce voyage à Paris, qui aurait tant intéressé un Gentz. Paul Wittichen fait allusion à la lettre où Humboldt ne sait même plus si c'est en 1789 ou en 1790 qu'il était à Paris. (Briefe an eine Freundin, 11. Auf, p. 124 et suiv. Cité par Wittichen dans l’article déjà mentionné sur Gentz et Humholdt.)