Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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Lorsqu'il s’agit de la Révolution française et que Vattention de Gentz est surtout attirée par la situation intérieure de la France, son activité politique prend une toute autre signification. De par la nature même de ses fonctions, Gentz ne peut espérer avoir la moindre influence directe sur les événements dont il s'occupe. Il ne peut pas jouer le rôle d’un Mounier et il ne peut même pas disposer du crédit dont disposait un Mallet du Pan à la cour de Vienne, par exemple. Le seul but qu’il puisse se proposer est de «faire l'opinion» en Allemagne ou plutôt de la rectifier, de combattre les nombreux admirateurs de la Révolution. Car l’objet de presque tous les écrits de Gentz est un combat. A chaque instant, l’historien doit le céder au publiciste, au polémiste; ce caractère polémique de toutes les œuvres de Gentz peut être exprimé dans le titre comme dans la Réfutlation dé l'Apologie de Makintosh, ou ressortir plus ou moins nettement de l’œuvre elle-même, mais il n’est guère d'article où Gentz, tout en s’en prenant surtout aux institutions ou aux mesures qu’il condamne, ne donne des coups de patte à droite et à gauche, aux historiens ou aux journalistes dont il critique les idées.

1. Voir Correspondance inédite de Mallet du Pan avec la cour de Vienne, publiée d'après les documents conservés à la eour de Vienne, par André Michel. 2 vol. Paris 1884.