Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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Dans tous les cas, ce caractère polémique à son importance et il ne faut pas le négliger, quand de toutes ces œuvres dispersées on veut essayer de tirer un système ou quand on veut porter un jugement sur la pensée de Gentz.

Nous aurons donc, plus que partout ailleurs, à distinguer ce qui est essentiel aux idées de l’auteur de ce qui n’est qu’amené par les circonstances. Malgré son attitude en apparence très désintéressée en face de la Révolution française, Gentz est un de ces écrivains qui désire produire sur ses lecteurs une impression déterminée, qui désire les influencer dans un sens déterminé. Il n’a rien de l’impartialité d’un Garve, par exemple, qui, appelé à donner son avis sur une question politique, oppose les arguments pour aux arguments contre et est ensuite très embarrassé pour conclure. C’est sans doute plus consciencieux, mais ce n’est peut-être pas la meilleure manière d’agir sur les hommes. Or, on sent que c’est là une préoccupation constante de Gentz. Il sait où il va, il sait ce qu’il veut prouver. Il dit des choses dont il est persuadé, et en ce sens on ne peut l’accuser de cacher sa pensée ; mais il n’est nullement certain qu’il choisisse pour persuader son lecteur les arguments qui lui ont paru les plus probants. Il a essayé de définir lui-mème le degré d’impartialité que l’on pouvait exiger d’un éeri-