Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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pose-t-il d’avoir ? En quoi sa polémique peut-elle à son tour réagir sur ses propres idées ? Pour répondre à la fois à ces deux questions, le plus simple sera d’esquisser rapidement l’activité politique de Gentz pendant cette période.

Sous l'impression des tirades de Burke, sa haine de la Révolution augmente au cours de l’année 1798. À Paris, après l’exécution de Louis XVE, c’est l’arrestation des Girondins, le gouvernement de la Montagne, la Terreur. D’autre part, Gentz est sans cesse excité par une polémique constante.

Bien qu'il se choisisse en général des adversaires pour lesquels il a la plus grande estime : Makintosh, Kant*, Fichte?, sa passion antirévolutionnaire augmente dans le feu de la discussion. Elle est d’ailleurs nourrie par des pamphlets français du genre de celui de Mallet du Pan. Le fait que Gentz se met à traduire une brochure aussi violente montre à quel point il haïssait maintenant ce qu’il avait tant admiré. Dans les Considérations sur la nature de La Révolution de la France et sur les causes qui en

1. Controverse dans la Berlinische Monalsschrift, de 1793, dont nous parlons d'autre part.

2. Compte-rendu des Beiträge zur Berichtigung der Urteile des Publikums über die franzüsische Revolution (Alligemeine Literatur Zeitung, 1194, Nr. 153, 154), où Gentz rend justice à la valeur de Fichte.