Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

7 88 —

domaine politique, droit et moralité ne font qu’un, dès qu’on fait abstraction des personnes agissantes pour regarder les choses objectivement.

Cest pour cette raison que, sans plus se préoccuper de ces subtilités, Gentz s’est cru autorisé à supprimer dans la pratique un des termes de la gradation, et mème, dans les essais qui suivent la traduction de Burke, moralité et droit sont pour lui des synonymes. Il emploie peut-être plus souvent le mot « moralité » pour désigner le droit théorique, par opposition au droit positif, dont il a fréquemment à parler. Tout ce qui est droit positif a une valeur de droit théorique, une valeur morale, à condition d’avoir été établi sur des bases licites, c’est-àdire de n'avoir pas été établi sur la violation des droits. antérieurs. C’est là le sujet de l’essai sur la moralité des révolutions !. Les révolutions totales sont contraires à la morale, dit Gentz, se plaçant à un point de vue purement théorique, si elles ne sont que celui l’a accomplie a fait triompher en lui la partie supérieure de son être, qu'il a fait son devoir. Dire qu'une action impersonnelle : loi, constitution, est conforme à la morale, indépendamment de la disposition d'esprit de ceux à qui elle doit naissance, c’est dire qu’elle permet aux hommes d’accomplir leur devoir ou que même elle favorise l’accomplissement de ce devoir. Comme il ne peut y avoir qu’une espèce de devoir, à chaque devoir correspondra un droit. Et la loi qui permettra

ou favorisera l’accomplissement d’un devoir permettra ou favorisera l’usage d’un droit.

1. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. II, p. 33-60.