Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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pas acceptées par l’unanimité des citoyens du pays en question. En effet, elles supposent un renouvellement du contrat social. Or, pour ce renouvellement, l’adhésion de chaque citoyen est nécessaire. Le contrat passé par l’Etat avec un individu est aussi sacré que le contrat passé par l'Etat avec trente millions d'individus. Le droit positif postérieur à une révolution totale n'aura de force obligatoire au point de vue moral que pour ceux qui auront accepté cette révolution.

Cest peut-être le seul traité où Gentz, après sa conversion antirévolutionnaire, se place à un point de vue aussi foncièrement rationaliste, rationaliste presque jusqu’à l’absurde.

En effet, ce principe, appliqué dans toute sa rigueur, pourrait conduire à la condamnation de toute réforme un peu vaste. La difficulté est dans le sens qu’on donne au mot révolution totale, et les longues explications que Gentz fournit à ce sujet paraissent insuffisantes. Ou bien la révolution totale n’est qu’une hypothèse, purement théorique etirréalisable, puisque même les gouvernements issus de l’émeute populaire s’efforcent toujours de continuer au moins sur un point l'œuvre du régime qui les a précédés; ou bien, malgré les conditions qu'y met Gentz, c’est une idée fort élastique, et dont peuvent se servir tous les mécontents en alléguant que l'Etat