Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— 1488 —

le système du droit, c’est à elle que reviendra le dernier mot, et c’est elle qui devra déterminer les conditions de l’équilibre à établir.

Théoriquement, l'équilibre entre ces deux fins pourrait exister dans des cerveaux parfaitement lucides, chez des êtres supérieurs réalisant la perfection humaine. Cet équilibre général du physique et du moral, de la raison et du sentiment, de toutes les facultés intellectuelles entre elles à l’intérieur de chaque individu, c’est l’idéal du classicisme de Weimar. Qu’on fasse tous ses efforts pour s’en approcher, Gentz ne saurait que l’approuver, car au fond cet idéal est aussi le sien. Et c’est ce que, dès le début de 1792, il exprimera dans son article sur l Education nationale en France’. Ilreproche à l'Assemblée constituante d’avoir bâti une constitution qui exigeait des hommes politiques parfaitement équilibrés, et se demande ce qu’elle a fait pour assurer l’éducation des citoyens chez lesquels elle présuppose des qualités idéales. C’est là du Schiller avant la lettre.

La question se transformera encore chez Gentz en une question d'harmonie d’équilibre, de juste pro: portion. Il sera nécessaire et suffisant qu’il y ait harmonie, équilibre entre la mesure adoptée et l’état intellectuel et moral des individus pour lesquels elle est adoptée.

1. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. IT, p. 179-188.