Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

NO =

tique. Aussi est-ce avec grande admiration qu’il parlera de ce traité trois ans plus tard, lorsqu'il citera Schiller dans son article de la Neue Deutsche Monatsschrift sur la découverte de l'Amérique‘. Ce qu'il y admire surtout, c’est la théorie schillérienne de l’évolution. « La société dissoute, dit Schiller, au lieu de s’élever rapidement à la vie organique, retombe dans le règne des forces élémentaires ®. » Cest ainsi que se forme le concept d'évolution chez Gentz. Il n’est pas évolutionniste au sens empiriste äu mot, c’est-à-dire qu'il n’exige pas qu’on suive absolument en politique l’analogie de la nature. Il avait assez d'expérience de la pratique du gouvernement pour se rendre compte de la grande différence existant entre la promulgation d’une loi qui — quelles que soient les dispositions transitoires qu’on prenne — devra bien un jour entrer en vigueur, et la croissance lente et continue de l’épi de blé ou du corps humain *.

1. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. V, p. 215.

2. Schiller. Sämtliche Werke. Ed. Cotta, 1838. T. XII, p. 15. « Die losgebundene Gesellschaft, anstatt aufwärts in das organische Leben zu eilen, fällt in das Elementarreich zurück. »

3. La seule façon de sortir de cette difficulté, quand on veut pousser l’analogie jusqu’au bout, c’est de devenir traditionaliste, et de remplacer la loi par la coutume qui se forme et évolue lentement, sans intervention brusque d’un pouvoir quelconque. Et encore là, l’analogie est peut-être plus apparente que réelle. Dans tous les cas, Gentz n’a jamais eu une pareille idée, et est toujours resté tout à fait étranger, même hostile aux efforts des fraditionalistes pour restaurer le moyen-âge

après 1815. 10