Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

constitution satisfaisante. Car au lieu d’un malon en aura deux. Il paraît done utile de remplacer l’idée de séparation des pouvoirs par celle d’équilibre ou de contre-poids', qui a l’avantage de désigner un rapport harmonieux entre deux principes dont les conséquences extrêmes sont également funestes dans l’état actuel de l'humanité.

Cette idée d'équilibre sur laquelle doivent reposer, selon Gentz, toutes les relations politiques, il l'exprime pour la première fois à propos de la constitution des Etats en général, et de l’Angleterre en particulier, dans sa Réfutation de Mükintosh*®. Makintosh prétendait que les constitutions de l’équilibre et de la limitation réciproque n’existaient qu’en théorie. Et à l’appui de sa thèse, il invoquait l’histoire d'Angleterre au XVIII“ siècle. L'équilibre, disait-il, n’a presque jamais fonctionné, puisque le roi n’a presque jamais refusé sa sanction à un bill voté par le Parlement, puisque les Lords n’ont presque jamais rejeté une loi votée par les Communes.

Cela donne à Gentz l’occasion d’expliquer com-

1. En fait, Gentz ne renonce pas à la terminologie de Montesquieu, mais il se sert de l'expression : séparation des pouvoirs — avec le sens légèrement différent que nous venons de déterminer. Quand il parle de «systèmes qui partent du principe de la séparation des pouvoirs », il entend par là une sépa-

ration dont la coexistence harmonieuse avec une certaine unité dans l'Etat a été assurée.

2. Ausgewählte Schriften. Ed. Weïck. IT, p. 167-169.