Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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premiers temps à la politique étrangère, on verra que c'est son cosmopolitisme. 3

Il est en cela disciple de Kant, chez qui l’idée du wWettoürgertum ! joue un grand rôle dans les articles de 1784 à 1798, dont nous avons parlé. Mais ce qui frappe dès le premier instant, c’est que Gentz parait s'inquiéter encore bien moins que Kant de la politique extérieure. Non pas que le philosophe de Künigsberg entre dans les détails des négociations diplomatiques ; il s’en tient à la question générale des rapports des Etats entre eux, mais il y attache même une telle importance qu’il fait dépendre de sa solution rationnelle l'établissement de bonnes constitutions à l’intérieur des Etats ?. En 1793, Gentz— qui a accepté en bloc le cosmopolitisme de Kant, comme il a accepté sa théorie de la connaissance et sa morale — semble toujours assez peu s’y intéresser dans le détail. Et alors qu'il a consacré dans son Nachtrag zu dem Raisonnement des Herrn Professor Kant plus de vingt-cinq pages au droit constitutionnel, il en trouve à peine feux pour parler des idées kantiennes sur le cosmopolitisme. C’est qu’il fallait de

1. Welibürger signifie citoyen du monde, et Weltbürgertum fait d’être citoyen dy monde, ou théorie d'après laquelle il ne devrait plus y avoir que des citoyens du monde.

2. Voir Berlinisehe Monatsschrift, 1784. T. II, dans l’article : Idee zu einer allgemeinen Geschichte in weltbürgerlicher Absicht, le septième principe, p. 398-405.