Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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Et Gentz, à diverses occasions, exprimait sa haine de la guerre. Dans son essai sur l'influence de la découverte de l’Amérique, il représente la guerre comme un des principaux obstacles au progrès. Quand il montre le chemin parcouru par l'humanité, il ajoute toujours : malgré la folie sanglante des, guerres , malgré l’action contraire de guerres désastreuses ?.

Un peu plus loin, il fait allusion à la décadence d'Etats florissants de l'antiquité, ruinés par la guerre, et il ajoute: « Une des causes en fut les haines implacables et les maximes barbares — Delenda est Carthago — par exemple 5». La conséquence naturelle d’une telle horreur de la guerre est un désir de paix, et pour la Prusse, dans la grande lutte engagée entre l’Europe et la Révolution, un désir de neutralité. C’est dans ce sens que Gentz s’exprimera dans son mémoire de 1797 au roi Frédéric-Guillaume III. Dès le début du mémoire, Gentz traite cette question ; il a l’air d’en soupconner l’impor-

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1. Ausgewählle Schriften. V, p. 177 : «trotz aller rasenden und blutigen Kriege ».

2. Ibid. V, p. 185: « ohngeachtet der Gegenwirkung verheerender Kriege ».

3. Ibid. Ed. Weick. V, p. 194: « Dafür sorgten die unversôühnlichen Befehdungen une die barbarischen Staatsmaximen — Delenda est Carthago — und andere ähnliche.»