Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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tance, et il la résout comme son évolution antérieure le faisait prévoir, dans le sens pacifiste !.

« Après tout ce que la raison, dit-il, a appris Sur les guerres, après l’expérience sanglante et encore toute fraiche des six années atroces que l'Europe a traversées pour confirmer les préceptes de la raison, ioute description de l'horreur de ce fléau serait une vaine déclamation. Il y eut un temps où l’on parlait d'avantages que l’on pouvait acheter par les guerres. Une politique plus éclairée a relégué cette idée dans le domaine des rêves, des rêves séducteurs. Il n’est pas d'avantage positif qui ne soit acheté beaucoup trop cher par une guerre. »

Ainsi, en préconisant la neutralité de la Prusse, il préconise au fond la neutralité de l’Europe, ou plutôt la paix de l'Europe avec la France, tant que ce Sera humainement possible, tant qu'on ne sera pas directement attaqué. Il ne fait une exception en 1797 que pour quelques petits Etats menacés de périr s'ils ne se défendaient pas. Gentz croyait, comme Mallet du Pan, que le Directoire qui d’après lui ne vivait que de la guerre, s’effondrerait de lui-même à la

1. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. V, p. 6, 7, dans : Sendschreiben an Seine künigliche Majestät Friedrich- Wilhelm IL, dei der Thronbesteigung alleruntertänigst überreicht (am 16. November 1797). »