Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

2e

Ce Gentz-là est bien différent du Gentz vieilli, « doucettement immonde » de 1830. Sans doute, le Gentz de 1830 lui-même n’est pas reflété d’une façon très fidèle dans L’Aiglon!. L'auteur a été amené, par suite du caractère épisodique de cette figure, à ne nous faire voir qu’un côté de la personnalité de notre héros.

Ce mélange de corruption sénile et d'esprit mordant, de sensualité satisfaite et de clairvoyance ironique, qui fait de Gentz une sorte d’enfant terrible dans l'entourage de Metternich, correspond bien à une partie de la réalité, mais à une partie seulement, croyons-nous. Aux yeux de ceux qui ont suivi le développement des idées de Gentz, qui ont parcouru sa correspondance jusqu’à sa mort, il apparaîtra évidemment que, même dans les dernières années de sa vie, il y a eu en lui quelque chose de plus profond qu'une indolence amusée ou un scepticisme paresseux ?. Sous un extérieur frivole, Gentz

1. Il y a une grande part de vérité dans la critique que fait

M. E. Guglia au début de l'étude citée par ailleurs, de la peinture du milieu historique en général dans ce drame.

2. Parmi les historiens français qui ont parlé de Gentz, bien peu se sont rendu compte du véritable rôle qu'il a joué. La plupart sont en général très renseignés sur la dernière période de sa vie, qui fut extérieurement la plus brillante, mais qui est loin, à notre avis, d’être la plus riche au point de vue des idées politiques de notre auteur. Voir, à ce propos, dans la nouvelle édition des Souvenirs du Congrès de Vienne, du comte de Lagarde-Chambonas, Paris 1901, la note que le comte Fleury