Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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la Prusse ne trouve de raisons à sa neutralité que dans sa situation intérieure ou financière, toute autre puissance d'Europe pourra en trouver autant. Mais Gentz en reste à l'horreur qu’il éprouvait en principe pour la guerre. Il ne semble pas partager les idées de Mallet du Pan sur « le caractère particulier de la lutte de l’Europe contre la Révolution ».

Et pourtant celui-ci avait écrit quelques années auparavant :

«Ce serait une méprise funeste de considérer le différend actuel comme une guerre ordinaire de puissance à puissance, de compter exclusivement sur l’efficacité,de la meilleure armée, d'opposer de vieilles règles à des conjonctures inouïes, de combattre par des mesures de routine des hommes qui ont passé tous les procédés connus, et de s’enfermer pour y périr dans un cercle de moyens dont une épreuve, dangereuse à prolonger, a déjà manifesté l'insuffisance‘. » Gentz traduisit la brochure de Mallet du Pan en 1793: il publia cette traduction en 1794, et cependant il ne reprendra ces idées que sept ans plus tard, en 1801, dans son livre sur l’origine et le caractère de la guerre contre la Révolution française. Néanmoins, il y avait dans les Considérations? de quoi persuader de la nécessité d’une in-

1. Mallet du Pan. Op. cit, p. 2 (dans une sorte d’introduction). 2. Ibid., p. 3.