Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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tervention armée un pacifiste européen adversaire de la Révolution comme l'était Gentz. En effet, un peu plus loin, Mallet du Pan dit : « L’Europe ne peut supporter plus longtemps sans en être atteinte un gouvernement révolutionnaire !. » Il lui arrive même de se servir dans le courant du livre de l’expression de « guerre sociale ? » pour désigner la lutte de la coalition contre la France.

Dans tous les cas, pas plus que les Réflexions de Burke n'avaient amené aussitôt la conversion antirévolutionnaire de Gentz, les Considérations de Mallet du Pan n’amenèrent un revirement subit dans les idées de Gentz en matière de politique extérieure. Maisici l’action fut beaucoup plus lente, si lente qu'on ne sait jusqu’à quel point on peut parler d'action véritable. Nous avons vu qu’en 1797, les. idées de l'écrivain genevois n’avaient encore produit aucun effet. Or, dans un mémoire paru en 1800, et publié dans l’Æis{orische Zeitschrift, par Paul Wittichen, Gentz soutenait au point de vue de la politique extérieure de la Prusse un système diamétralement opposé. Il y a, toutes proportions gardées, dans cette évolution de la pensée de Gentz, un phé-

1. Mallet du Pan. Op. cit., p. 72.

2. Le mot de «guerre sociale» a pris aujourd'hui un sens assez différent.

3. Historische Zeitschrift, vol. 89.