Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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rer l’ordre. Dans les rapports entre les Etats, l’unité de force et de puissance chez un seul, tant qu’elle ne s’est pas transformée en monarchie universelle, est un ferment d’anarchie. Cest ce qui fait que Gentz emploie le mot « d’anarchie fédérative». IL considère qu'il n’y a plus de système fédératif du jour où, pour violer impunément les principes du droit public, un Etat n’a plus d’autres obstacles à surmonter que sa propre volonté‘. Ce jour-là, il n’y a pas plus de garantie pour la liberté des autres Etats qu'il n’y en a pour celle d’un peuple, quand un roi ou une assemblée en arrivent à ne plus trouver de contre-poids à leur puissance.

Le système fédératif tel que le comprend d'Hauterive aboutiraïit donc à l’asservissement de l’Europe, et voilà qui contribue à expliquer comment, partis de principes analogues, d'Hauterive et Gentz en arrivent à des résultats très différents. Dès qu'il s’agit de politique appliquée, ils se contredisent à peu près sur fous les points.

D'Hauterive avait voulu prouver qu’il n’y avait pas d'équilibre stable, et qu’il y avait à peine une ombre de droit des gens en Europe avant 1789. « Les gouvernements de l’Europe étaient dans une position fausse et contrainte à l'égard les uns des autres. Leurs rapports politiques étaient indécis, discor-

1. Von dem politischen Zustand, p. 244.