Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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toire de l’équilibre européen à la veille de la guerre de 1805. Il fut interrompu dans son travail par la Capitulation d’Ulm, qui anéantit ses espérances. Et ce n’est que l’année suivante qu’il publia cette œuvre qui resta fragmentaire. Les Fragments! se divisent en deux parties fort distinctes. La première contient des vues générales sur le principe de l’équilibre au point de vue théorique et au point de vue historique, la seconde un exposé des rapports de la France et de l'Autriche depuis le traité de Lunéville (de 1801 à 1805), c’est-à-dire une justification de la guerre entreprise par l'Autriche.

Depuis quatre ans, Gentz a eu le temps de réfléchir, et il est en pleine possession de sa théorie de l'équilibre. Il ne s’agissait plus ici d’une œuvre polémique de circonstance, mais d’un ouvrage de longue haleine. Aussi Gentz, fidèle à ses habitudes rationalistes, va-t-il commencer par définir le concept d'équilibre. « L'équilibre ou la balance du pouvoir, c’est le système établi entre des Etats existant à côté les uns des autres, ou ayant des rapports plus ou moins étroits, d’après lequel aucun d’entre eux ne peut porter atteinte à l'indépendance ou aux droits essentiels d’un autre sans trouver une résis-

1. Fragmente aus der neuesten Geschichte des politischen Gleichgewichts in Europa, parus en 1805, réimprimés dans Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. IV, p. 1-199.