Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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d’une résistance commune doit être suffisante pour retenir chaque membre.

%o Si un Etat européen cherche à arriver à la prépondérance ou y arrive vraiment par des moyens illégaux, les autres doivent entrer en hostilités ouvertes avec lui; s’il le fait par des moyens légaux, ils doivent employer tous les moyens légaux à leur disposition pour contrecarrer ses projets *.

Telle est la formule définitive du principe de l'équilibre européen comme l’a compris Gentz. Il est intéressant de la comparer avec sa première ébauche de 1801. Dans sa théorie de 1805, Gentz a fait disparaître une exigence exagérée qu’on trouvait dans sa réfutation de d'Hauterive. Il y disait qu’une grande puissance quelconque devait être en état de soutenir honorablement à elle toute seule une lutte contre une autre grande puissance *. C’était trop demander. Ensuite, cela ne protégeait que les grandes puissances, et cela ne pouvait donc servir comme

1. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. IV, p. 42-48.

2. Von dem politischen Zustand…. Berlin 1801, p. 251-252. L'idée en est exprimée à propos des rapports de la Prusse ou de l'Autriche d’une part, et de la France d'autre part: «S0 lange Frankreich das blieb, was es bis zum Ausbruch des Revolutions-Kriegs war, so lange Oesterreich und Preussen, jedes allein, mit der franzüsischen Macht in einem beruhigenden Gleichgewicht stand, war kaum ein Fall zu erdenken, wo das allgemeine Füderativ-System auf irgend eine Weise in Gefahr gesetzt werden konnte. »