Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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pour les promoteurs intellectuels de ce mouvement, il essaie d'aider dans la mesure de ses forces les hommes d'action qui combattent pour la cause allemande. Assez intéressantes à ce propos sont ses relations avec Gœtzen et avec Stein. Gœtzen, qu'il avait connu au quartier-général prussien pendant l'automne de 1806, s’était proposé après les grands désastres d’Iéna et d’Auerstædt de défendre pied à pied et avec acharnement ce qui restait de la Silésie. Mais il avait besoin d’être appuyé par les troupes autrichiennes. Gentz n’hésite pas. Il répond à l’appel de Gætzen qui l’invite à venir se rendre compte de la situation par lui-même. Et c’est du château de Nachod que l’infatigable polémiste envoie le 16 janvier 1807 un long mémoire à Stadion ‘, où il expose à celui-ci que le seul moyen de sauver pour l’Allemagne et l’Europe la Silésie prussienne est de la faire occuper par les troupes de l'Autriche au nom de l'Allemagne. Ainsi, Gentz livrait cette province, Son pays natal, la cause de tant de discordes entre la Prusse et l’Autriche, à sa nouvelle patrie, mais il y avait ici un intérêt supérieur à celui des Etats particuliers, celui de la cause nationale allemande.

1. Publié par A. Fournier dans Historische Studien und Skizzen, II. Beiträge zu einer Gentz-Biographie : Gentz und Gœisen. Voir p. 138-152. Lettre de Gœtzen à Gentz (Neiïsse, 6 janvier 1807), et de Gentz à Gœtzen (Prague, 9 janvier 1807), P. 184 et 185.