Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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S'il ne réussit pas dans cette entreprise, il fit ce qu’il put pour faire aboutir son projet. Dans tous les cas, par le traité de Tilsitt, la Silésie, d’où devait partir le grand mouvement national de 1815, fut conservée à un Etat allemand.

Gentz avait un profond respect et une profonde admiration pour le baron de Stein. La chute et la disgrâce de celui-ci n’avaient fait qu’accroître ces sentiments, qui se reflètent d’une façon assez claire dans le début de la lettre que Gentz écrivait au grand patriote allemand, le 17 avril 1809*.

Il aurait voulu que Stadion fit venir Stein à Vienne afin d'organiser la lutte des pays allemands contre l’oppresseur. Même après que cette espérance ne fut pas réalisée, il tient à le réserver pour un soulèvement possible de l'Allemagne du Nord. Il y a là une force qu’il apprécie et qu'il ne veut pas négliger. Ces deux hommes qui différaient si profondément par leur origine, leur formation et même leurs conceptions générales, se rencontrèrent une

1. Pertz. Op. cit., p. 358. Gentz an Stein : « Euer Excellenz haben hoffentlich eine zu günstige Meinung von mir, um vorausselzen zu künnen, dass die Bewunderung und Ehrfurcht, von der ich gegen Sie durchdrungen bin, so lange ein Gedanke oder ein Gefühl in mir ist, je wechseln oder abnehmen künnte.» (Wien, 17 avril 1809.) Gentz avait déjà noté dans son journal en août 1806 : « Freïherr von Stein geht durch Dresden. Unterredungen mit ihm, er flüsst mir grossen Enthusiasmus ein.» (Tagebücher I, p. 47.)