Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

pour prévenir ce « mal». Si le ministre a noté en marge, une vingtaine d'années après, que ce mal n'était que «le commencement providentiel de la chute de Napoléon», rien ne prouve que ce füt là sa manière de voir en 1812, et il semble que, malgré sa prudence et sa finesse, Metternich ait été comme Gentz surpris par les événements. De plus en plus, surtout à partir de l'instant où Gentz collabore étroitement avec le ministre, ses lettres ne sont guère que le reflet de la pensée de celui qui lui inspire un enthousiasme dont l'expression ne peut être attribuée qu’en partie au désir de flatter son chef *.

La correspondance des deux hommes est donc plus instructive pour l’histoire des idées de Metternich que pour l’évolution de Gentz. Le système nouveau auquel ils se sont ralliés peut se ramener à un principe supérieurement appliqué lors du Congrès de Prague: se méfier des idées préconçues et se plier aux circonstances.

C'est ainsi qu'il ne faut pas nous étonner de voir Gentz, partisan résolu en 181? de l’alliance française, représenter une politique opposée un an plus tard. Il ne convient pas, croyons-nous, de lui en faire un

1. Ed. Wittichen. IL 1, lettre 41, 24 juillet 1812.

2. Ibid. IIT. 1, lettre 44, p. 95: « Mein Enthusiasmus für Ihre Person. konnte nicht mehr hôüher steigen als er war... Es komme auch was da wolle. Ihr Verdienst wird gerettet und erkannt werden. »