Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

reproche. Il faut se borner à constater un changement complet de méthode à son entrée dans la politique pratique. Gentz s’en est pris petit à petit à considérer les relations entre les Etats comme une série de manœuvres sur l’échiquier de la diplomatie, et il s’est placé, pour juger des avantages et des inconvénients, à un point de vue autrichien; il a donc abandonné, dans une certaine mesure, son point de vue européen. Son antipathie pour la Russie n’a pas été étrangère à cette évolution. Dès 1805, Gentz et Metternich avaient été amenés à considérer cette puissance comme une rivale naturelle de l’Autriche, et ils la rendaient en grande partie responsable de l'échec de la campagne contre Napoléon. Le mauvais souvenir qu’à tort ou à raison les alliés russes avaient laissé dans les régions autrichiennes qu’ils avaient traversées, ne faisait qu’accentuer cette manière de voir. Et, en 1812, Gentz reprend ses accusations dans sa correspondance avec Metternich. Il s'attaque surtout à Barclay de Tolly qu’il traite de « misérable homme d'Etat» ; lorsque celuici a tenté d'appeler aux armes contre Napoléon une légion allemande, c’est en termes assez violents qu’il s'élève contre l'attitude de la Russie !.

1. Il faut, pense-t-il : «ein eigener Grad von Unverschämt-

heit dazu, seine Nachbarn zu eimem gemeinschaftlichen Kampf einzuladen, nachdem man sie so viele Jahre lang getäuscht,

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