Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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termine en français: « Ah! que l’aveuglement des contemporains était pitoyable ! !»

Et pourtant c’est plus que jamais dans la disposition d'esprit du diplomate qui a réfléchi sur les événements, et non du publiciste qui cherche à entrainer les foules, que Gentz écrit le manifeste de 1815. On a souvent relaté les négociations qui ont amené l'intervention de l'Autriche au profit des Alliés à l'issue du Congrès de Prague. Le récit des évênenements, tel qu'il se trouve dans le manifeste en question, est généralement d’accord avec celui de Metternich au cours de l’esquisse autobiographique que nous a laissé le ministre des affaires étrangères. Gentz nous fait assister à tous les pourparlers : nous passons par les retards, les tergiversations voulues des plénipotentiaires français ?. Le style seul diffère de celui de son chef; il y a d’une part l'impassibilité d’un document diplomatique, de lautre l’allure plus vive, plus libre de mémoires où Metternich n'hésite pas à faire parler ses personna-

1. Oesterreichische Rundschau. Bd. XXXIV, Heït 5, p. 367. La lettre en question est du 4 janvier 1813. IL est intéressant de constater que douze jours plus tard, dans son rapport du 16 janvier, Gentz parlera à un correspondant très différent à tous points de vne, à Nesselrode, un langage analogue et lui exprimera à peu près les mêmes espérances. Voir Lettres et Papiers du comte de Nesselrode, 1907, V, p. 12.

2. Ed. Weick. IV, p. 319-320.