Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

ges, à les mettre en scène, par exemple quand il représente Caulaincourt s’écriant indigné : «Ce n’est pas moi que l'Empereur aurait choisi pour une commission qui serait privée de franchise. Il sait que sous de pareils auspices, je n'aurais point accepté une mission {.» C’est ainsi que le duc de Vicence se serait justifié du reproche d’avoir eu une arrière-pensée en arrivant au Congrès sans pleinspouvoirs, et en faisant traîner de cette manière les pourparlers engagés.

Du reste, Gentz reflète fidèlement la pensée de Metternich telle qu’elle sera exprimée bien plus tard dans les souvenirs du prince. Il n’est pas qu'un rédacteur habile qui sait présenter les choses comme il convient de le faire. C’est en comparant les manifestes de 1809 et de 1813 qu’on peut voir les modifications qui se sont produites en lui. Il a perdu quelque chose de ce sentiment si vif de l’injustiee subie, qui avait fait des Fragments pour l'histoire de l'équilibre politique en 1805, et de ses principaux écrits antérieurs, une sorte d'appel vibrant en faveur des droits de l’Europe foulés aux pieds par Napoléon. Il avait gagné au contraire cette souplesse d'esprit qui révélait en lui l’étoffe d’un négociateur aux grands congrès.

1. Aus Metternichs nachgelassenen Papieren, herausgegeben

vom Fürsten Richard Metternich-Winneburg. Wien 1880, 1, p. 168.