Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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en un véritable reniement au fond de soi-même des principes qu'on avait défendus, pour se soumettre à un ordre de choses imposé du dehors. À une telle abdication qui, dans certains cas, peut être un effort louable, Gentz n’a jamais voulu se prêter.

Certes, il a beaucoup changé. Les points essentiels sur lesquels il refusait de transiger n’ont pas toujours été les mêmes. Cependant, l’idée fondamentale du rationalisme historique, le progrès harmonieux de l'humanité, domine à la fois sa pensée et sa carrière. Nous avons à le juger dans le domaine des idées et non dans le domaine de l’action. On nous objecterait en vain que presque toute sa vie, mais particulièrement en 1815, il toucha de l’or de toutes les mains. C’est une question de morale personnelle qui n’a rien à voir avec la nature de son esprit. Si le vieux Gentz semble n’avoir plus d’idéal nouveau, c'est que l'équilibre européen a été rétabli. A ses yeux, c’est le résultat essentiel du Congrès de Vienne, c’est une étape nécessaire au progrès de l'humanité. Il se rendait bien compte que ce progrès ne s’arrêterait pas là. Mais ne voyant plus de but immédiat, pratique, il se contentait de soutenir le statu quo et de servir les intérêts de la dynastie des Habsbourg qui devait, croyait-il, consolider l’œuvre accomplie.

‘On ne saurait nier que son rationalisme füt con