Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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propos : la liberté. Voilà done le droit naturel placé dans le domaine de la liberté.

Cette liberté existe, dit Gentz. Mais en bon élève

de Kant, il se refuse à en faire un concept positif. Tel est son postulat. Pour pouvoir fonder le droit, il faut accepter au moins une idée négative de liberté. La liberté, c’est ce qui distingue l’action morale du phénomène physique. L’homme, dans les manifestations de son activité, pourra être considéré sous deux angles différents, sous celui de la nécessité et sous celui de la liberté. Sous celui de la nécessité, ses actions relèveront de l’histoire, sous celui de la liberté, elle relèveront de la morale. Mais entre les deux domaines, il y aura séparation complète. La raison sera indépendante de l’expérience aussi bien que l’expérience est indépendante de la raison. Pas plus qu’il ne faut se demander ce qui devrait arriver, quand on veut savoir ce qui arrive en réalité, pas plus ce qui arrive en réalité ne peut ètre une objection contre ce qui devrait arriver. C’est là de la pure morale kantienne.

Gentz n’ignore pas l'importance de l’histoire. Mais il ne veut pas qu’on la fasse intervenir là où l’on n’a que faire d’elle. En d’autres termes, il s’élève contre toute conception du droit qui présuppose des recherches historiques. Comme Kant, il affirme hardiment que le droit est antérieur et supérieur à l’histoire.