Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

ML —

époque, de mème Rousseau ne voulait en louant l'état de nature, qu’empêcher les hommes de son temps d'être trop imbus de la supériorité de leur civilisation. Gentz n’a jamais souhaité un retour à la nature ; il n’a attaché à cet aspect de la théorie de Rousseau qu’une importance secondaire. Il s’agissait là soit d’éveiller des représentations qui nous rendissent plus critiques envers notre époque, soit d'expliquer en se servant symboliquement du passé le fondement rationnel des Etats. Leur origine réelle a pu être toute autre. Ce qu’il y a à la base sinon à l’origine de la société, c’est un contrat. L'essentiel dans J.-J. Rousseau est donc pour Gentz le contrat social.

Il ne peut s’imaginer la société la plus rudimentaire sans un contrat exprès ou tacite. Au fond, si on y regarde de plus près, toutes ces idées se trouvent déjà dans Montesquieu. Le contrat social auquel aspire Gentz n’est autre chose que la constitution telle que pouvait la désirer l’auteur de l'Esprit des Lois, et à laquelle tendent après luises disciples de 1789. Nous avons déjà fait allusion au rôle qu’a dû jouer Montesquieu dans les origines du rationalisme de Gentz' et nous avons dit que Gentz avait repris l’étude approfondie de cet écrivain à la

1. Livre I, Chapitre I, p. ?.