Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

fin de 1790‘, nous&urons encore à revenir sur l’influence de Montesquieu, dont la théorie de la Séparation des pouvoirs se retrouve légèrement modifiée dans ce que nous appellerons la conception de léquilibre chez Gentz°?. Or, Gentz ne faisait en cela que se conformer aux idées des hommes politiques qui ont fait la première partie de la Révolution jusque vers 1791, et qui s’inspiraient bien plus de Montesquieu que de Rousseau. Aussi, bien que ce soit le nom de Rousseau qui revient sans cesse sous sa plume, bien que ce soit surtout au philosophe de Genève que songe le jeune enthousiaste, il est probable que l’auteur de l’£Zsprit des Lois a agi alors sur le développement de sa pensée et de ses opinions politiques plus profondément qu’il ne s’en est douté lui-même.

Et c’est encore la letire à Garve, du 24 octobre 1789, qui nous fera le mieux comprendre son point de vue. Nous y verrons ce que Gentz reprochait aux anciennes monarchies et ce qui, par suite, lui a plu dès l’abord dans la Révolution française.

«Le prince, dit-il, qui, grâce à la faiblesse et à l'ignorance de ses sujets ou grâce à la ruse de ses ancêtres, en est arrivé à considérer la nation comme Sa propriété et agit comme s’il n'avait pas de comp-

1. Ed. Wittichen. I, lettre A1, p. 182. ?. Voir Livre II, Chapitre IV.