Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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française. [l la considérait comme un événement mondial, et de jour en jour dans sa correspondance avec Garve, qui ne partageait pas tout à fait sa manière de voir, il se faisait plus pressant. Il faut, disait-il, non seulement parler aux souverains de leurs devoirs, mais aussi parler aux peuples de leurs droits. Et tout de suite l’enthousiasme de Gentz dépassait les frontières de la France ; il rêvait d'étendre le mouvement en Allemagne.

Il voulait montrer aux Parisiens qu'ils n'étaient pas les seuls à aimer la liberté. L’humanité tout entière devait s’éveiller de son long sommeil; après des siècles d’oppression devait s'ouvrir une ère de liberté et de bonheur. Gentz en restait d'ailleurs à ces principes assez vagues, se gardant de donner le moindre conseil pratique dans le domaine des faits. Mais ses déclarations vibrent d’un sincère enthousiasme de jeunesse: «Je suis jeune, je sens donc Ia tendance générale à la liberté qui se fait jour de tous côtés avec chaleur et sympathie. L'esprit du temps souffle en moi, fort et plein de vie.» Et dans ces conditions croissait en lui l’intérêt pour la Révolution française. Nous le voyons sans cesse à la recherche de brochures, de pamphlets, de journaux, et ce que ses lettres reflètent de ses lectures nous indique quelles étaient en ce moment ses principales

1. Ed. Wittichen. I, lettre 37, 5 mai 1790.