Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

courant des choses de la Révolution française. Peu de Berlinois des milieux auxquels il appartenait étaient aussi bien renseignés que lui, etavaient l’occasion de puiser aux sources originales. Et pourtant, il ne faisait que partager l’opinion de l’immense majorité des Prussiens des classes moyennes qui, médiocrement informés, applaudissaient des deux mains aux événements de Paris, à ce grand affranchissement de l’humanité en général et de la bourgeoisie en particulier.

Le porte-parole de cette bourgeoisie en Prusse était le ministre Suarez. Dans les rapports qu’il faisait au futur Frédéric-Guillaume IIT sur l’administration générale des Etats!, il s’efforçait de lui démontrer que la responsabilité de la Révolution française revenait au mauvais gouvernement du pays. Les émeutes n'étaient, selon lui, que les conséquences des fautes de la monarchie et du désordre des finances. Suarez et ses amis étaient des habitués de la société du mercredi, où l’on discutait politique chaque semaine, et où régnait une atmosphère très favorable à la Révolution française. Ce cercle était fréquenté par des gens en rapports suivis avec Gentz, comme le rédacteur de la Berlinische Monaisschrift, Biester, et le juriste Klein. Or, dans la masse de la bourgeoisie berlinoise, les idées révolutionnaires

1. Ed. Wittichen. I, lettre Al, 5 décembre 1790, p. 180.