Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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trouvaient plus d’écho encore que dans le cercle d'élite que formait la société du mercredi. Paul Wittichen va jusqu’à prétendre { que le relâchement des mœurs avait favorisé la formation d'idées radicales. Il est certain que la situation précaire de la bourgeoisie criblée de dettes, sans influence politique et sans frein moral, pouvait la pousser à des solutions extrêmes. Les juifs, dont l'influence croissait et qui désiraient leur émancipation, les sociétés secrètes qu’on fut obligé de dissoudre en 1792, contribuèrent à créer dans ce monde imbu. du rationalisme de l’'Aufklärung un courant de sympathie pour la Révolution. Et, comme Gentz l’avouera lui-même plus tard, la vanité bourgeoise se sentait flattée au récit des exploits de la bourgeoisie française, et cette classe assez éclairée, quoiqu’en dise Paul Wittichen?, au moins dans les milieux de fonctionnaires d’une grande ville comme Berlin, en vint à souhaiter de plus en plus vivement son affranchissement complet.

La foi révolutionnaire de la bourgeoisie berlinoise tenait à son grand optimisme. On ne croyait

1. Forschungen. XIX, 2, p. 10.

2. Ibid, XIX, 2, p. 11 et suiv. « Das in steter Volksvermehrung begriffene Berlin... ermangelte doch des praktischen politischen Interesses. Geistige Traditionen, die über die letzten Jahrzehnte hinausgereicht hätten, waren nicht vorhanden. »