Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

nents de l'Allemagne avaient cessé après 1793 d'être partisans de la Révolution française‘, c’est là un fait intéressant, mais insuffisant pour expliquer la conversion de Gentz. C’est se contenter d’une réponse trop facile que de renoncer à en rechercher les causes particulières. Rien ne nous permet évidemment d'attribuer à tel ou tel facteur une influence prépondérante. Quant à M. Alfred Gerhardt, il se borne à faire appel au tempérament conservateur de Gentz*. Mais il s’agit de savoir si ce tempérament appartient à la nature de son esprit, ou s’il n’est en somme qu’une conséquence de ses convictions antirévolutionnaires. Nous croirions plutôt qu’il n’y a là que le résultat d’une attitude que Gentz a adoptée pendant de longues années à partir de 1792; on ne saurait donc y chercher une explication de ses idées. D'autre part, nous ne pouvons avec d'anciens biographes, Schmidt-Weissenfels par exemple, considérer la lecture de Burke comme la seule cause de ce changement complet d’opinion. La lettre du 19 avril 1791 à Garve nous empêche d'accepter cette solution.

Gentz a commencé la lecture de Burke en avril 1791. Get ouvrage, dont il loue certaines qualités, lui

1. Eugen Guglia. Friedrich von Gentz. Wien 1901, p. 102.

2. Alfred Gerhardt. Romantische Elemente in der Politik und Staotsansehauung Friedrichs Gentz. Leïpzig 1907.