Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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fait l'impression d’être partial. Quelquefois, il est vrai, une lecture approfondie peut avoir sur nous une toute autre influence et modifier complètement notre appréciation. Mais Gentz n’était pas homme à trouver son chemin de Damas grâce à une brochure politique, même de la valeur de celle de Burke. Et sans vouloir diminuer l'influence qu’a pu avoir le polémiste anglais sur le jeune fonctionnaire berlinois, ce serait singulièrement l’exagérer que de faire de Burke le seul éducateur politique de Gentz. Ilest d'ailleurs tout aussi peu fondé de supposer, comme le fait M. Alfred Gerhardt, Gentz déjà ébranlé dans ses convictions par suite du « tempérament conservateur », auquel nous avons fait allusion, et de considérer le livre de Burke comme l'argument décisif qui est venu s'ajouter à bien d’autres motifs préexistants à cette lecture. Cette interprétation est en contradiction avec la lettre du 19 avril 1791, qui nous montre l’état d'esprit de Gentz venant de lire Burke pour la première fois. Dans tous les cas, si le livre de Burke a eu sur Gentz l'influence qu’on lui prête, cela n’a pu être que rétrospectivement, alors qu’il a trouvé en lui un terrain déjà préparé par des réflexions nouvelles que les événements de Paris lui avaient inspirées.

D'autre part, il ne faut pas se laisser tromper par certains passages dans les traités ultérieurs sur les