Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

rement dans le sillage du philosophe de Künigsberg. ce sont des liens fort différents qui l’unissaient au penseur de Breslau. Très vite, dans les lettres de Gentz à Garve, tombent le Æochzuverehrender Herr Professor, les formules de politesse habiluelles et le ton un peu gêné de l'adolescent qui s'adresse à un maitre vénéré. Très vite un véritable commerce d'amitié s’établit entre eux. Et dès lors, c’est dune autre façon que Garve agira sur Gentz. Il n’est plus question ici d’un système qu'il faut accepter ou rejeter, mais d’une foule d'idées qui, débattues ensemble dans le détail, finissent par s’introduire dans l'esprit de l’un et de l’autre, fort modifiées, il est vrai. Cependant, l'influence de cet échange continue] n’a pas été moins profonde sur le jeune Gentz que celle des préceptes de Kant, par exemple.

Garve n’est pas lAufhlärer que l’on à quelquefois représenté. De l’Aufhlärung il ne partage ni le rationalisme politique ni la conception du droit, ni la philosophie de l’histoire. La politique doit se proposer selon lui comme but d'augmenter le bien-être général; par làä-même on augmentera la moralité. C’est la théorie écossaise de Shaftesbury et de Ferguson’, qu'Abel enseigna au jeune Schiller à la Karisschule. Cette théorie, très répandue à la fin

1. Garve est l’auteur d’une traduction du livre de Ferguson: Inslitutes of moral Philosophy, qui parut en 1772.