Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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contribué que tout autre à faire naître en Gentz les premiers doutes. D'accord avec lui sur de nombreux principes généraux, il ne provoqua pas chez Jui de vive opposition, mais justement à cause de cela ses idées sur la sagesse politique s’insinuèrent lentement dans l’esprit de son jeune ami. Garve n’a évidemment pas pu modifier la nature de Gentz, son tempérament ardent et passionné. Il a pu contribuer à modifier la direction de cette ardeur et de cette passion juvéniles. Et de même que Gentz avait été beaucoup plus absolu que Garve dans son admiration pour la Révolution française, il sera aussi beaucoup plus absolu que lui dans sa condamnation. Cette seule considération suffit pour nous empêcher d’exagérer l'importance de cet élément. La critique de Garve a sans doute été une des premières secousses qui ait ébranlé l’idéal politique révolutionnaire de Gentz. Pour renverser cet édifice qui s’appuyait à la fois sur la doctrine de Kant et le rationalisme de l'Aufkiärung, il eût fallu des coups plus forts que n’était capable d’en donner l’honnête philosophe populaire. L'action de Humboldt sur Gentz eut un tout autre caractère. Wilhelm von Humboldt était pour lui un ami à peu près du même âge. Cela donna à leurs rapports quelque chose de plus intime, de plus cordial et de plus personnel. A la fin de 1790 et au com-