Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

IÉNA. 23

vue de Tilsitt où les deux empereurs se réconcilièrent, au moins momentanément. Puisque la Prusse n'avait pas voulu devenir notre alliée pour servir de boulevard à la France contre la Russie et l'Autriche, il fallait, selon les plans de Napoléon, qu’elle füt démembrée ; c'était là une des nécessités de la situation où ses rèves insensés de domination universelle mettaient l'empereur.

La Prusse fut donc sacrifiée : elle perdit tout ce qu’elle possédait sur la rive gauche de PElbe ainsi que les provinces qui avaient appartenu autrefois à la Pologne et qui, érigées en duché de Varsovie, furent cédées au roi de Saxe. Avant la guerre de 1806, la population de la Prusse était de 10 000 000 d’ämes; elle fut réduite par le traité de Tilsitt à 6000 000. L'empereur ne se contenta pas de la mutiler, de lui enlever ou de démanteler toutes ses forteresses. Il l’écrasa sous le poids des réquisitions et des contributions de guerre, lui interdit d'entretenir une armée active de plus de 42000 hommes, l’astreignit au système du blocus continental qui ruinait son commerce et son industrie, prolongea l'occupation militaire de son territoire, disposa de ses routes pour le transport de ses munitions et de ses troupes, ne lui épargna, en un mot, aucune vexation, aucune honte, aucune humiliation .