Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

PRÉPARATIFS DE REVANCHE. 29

A cette période d'activité enthousiaste appartient une œuvre aussi étrange qu’audacieuse : la création du Tugendbund. Au moment où Slein arrivait aux affaires en 1807, un jeune magistrat, Bardeleben, lui avait adressé un écrit intitulé l’Avenir de la Prusse, où il engageait tous les citoyens à oublier leurs divisions, à se serrer autour du pouvoir, à former un grand parti national. Joignant l'exemple au précepte, il avait réuni une vingtaine d'associés qui mettaient leurs efforts en commun, disaient-ils, pour combattre chez eux, chez les autres, chez le gouvernement, toute pensée d’égoïsme. Bientôt les affiliés se comptèrent par milliers. L'association couvrit la Prusse et de la Prusse s’étendit sur l’Allemagne entière. Le prestige qu’exercent toujours les sociétés secrètes venait ainsi en aide à la passion patriotique. Le conseil général de la Ligue de la Vertu (c’est la traduclion du mot Tugendbund) siégeait à Kœnigsberg ; il transmettait ses ordres aux conseils provinciaux et aux chambres de district. L’ensemble formait un vasle organisme, müû par une pensée unique, qui était de restaurer la force et la moralité allemandes. Une telle association ne pouvait échapper longtemps à la police impériale el le Tugendbund fut dissous en 1810, sur l’ordre de l'empereur. Mais il arriva ce qui arrive toujours en pareil cas : les agents impériaux s’empressent d'écrire |