Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

28 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

Le général Scharnhorst, ministre de la guerre, s’associe énergiquement à l’œuvre du baron de Stein. Il trouve le moyen d'augmenter l’armée et de préparer des ressources pour l’avenir, sans violer ouvertement le traité de Tilsitt qui limitait à 42 000 hommes les forces militaires de la Prusse. Voici son stratagème : il réduit des trois quarts les cadres de l'infanterie, des deux tiers ceux de la cavalerie et dans des proportions moindres ceux des autres armes. Il renvoie dans leurs foyers des milliers de sous-officiers et de soldats qui n’auraient pu entrer dans les cadres conservés; mais le congé qu’il leur donne n’est pas définitif. ls restent tous à la disposition de l’État pour être rappelés au besoin à son service. Scharnhorst crée ainsi une réserve précieuse qu'il augmente graduellement par un système de roulement : à plusieurs reprises il met en congé un certain nombre de soldats suffisamment instruits et les remplace par des recrues qui, une fois exercées, sont remplacées à leur tour sous les drapeaux par de nouvelles recrues et vont grossir la réserve. C’est ainsi, qu’à l'insu de Napoléon, s’organise sur {oute la surface du territoire une sorte d’armée mystérieuse, exercée régulièrement dans chaque village et prête à se lever au moindre signal. Le pays tout entier se prête avec un admirable dévouement à cette supercherie patriotique d’où sortira la landwehr.