Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

52 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

4500 000 âmes, avait mis sur pied 250 000 hommes. Si l'empire français eût été animé du même enthousiasme, il eût pu alors envoyer en Allemagne 4000000 de soldats.

La campagne de 1813, où Napoléon essaya de reconquérir la ligne de lOder, fut plus sanglante que toutes les campagnes précédentes. C’est que dans tous les corps d'armée, il y avait des régiments prussiens que l'idée de venger Téna exaltait jusqu'au délire. À Lutzen, il fallut l’incomparable artillerie de la garde pour venir à bout de la résistance de Blücher. Bautzen fut encore une victoire; mais l’ennemi, dans ses revers, ne se démoralisait plus, ne se débandait plus comme autrefois. Les prodiges de la campagne d'Italie ou ceux de la campagne d’Ulm et d’Austerlitz ne se renouvelaient plus contre un adversaire qui ne cédait pas un pouce de terrain sans défense, qui ne laissait ni un prisonnier ni un canon. D'ailleurs, la GrandeArmée de 1813 n’était plus la Grande-Armée de 1805, cette formidable machine de guerre avec laquelle Napoléon avait frappé des coups si terribles. Nous n'avions plus que des troupes jeunes et de nouvelle formation, aussi braves, aussi pleines d’ardeur que les anciennes, mais auxquelles on ne pouvait pas demander des marches multiples et rapides, sous peine de remplir les hôpitaux de malades et de voir fondre les bataillons.