Un missionaire de 93 : Marc-Antoine Baudot : son róle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques

Xe

se grave profondément, modifiant la propre pensée de celui-ci, ou même se substituant entièrement à elle. Vient-elle, au contraire, à emprunter l’intermédiaire de l'écriture, elle perd la plus grande partie de son prestige ; le livre, en effet, qui provoque la réflexion, exige un effort cérébral soutenu, dont seules sont capables les natures d'élite, que n’effraie pas une soumission volontaire à la rude discipline de l'étude. Il est bien entendu, d’ailleurs, (et il serait puéril de s’obstiner à nier celte vérité) que ce n’est pas un signe d’infériorité intellectuelle que le manque d’éloquence. Si lenombre est considérable de grands poètes, de profonds penseurs, de savants historiens, de judicieux critiques auxquels la nature refusa toute facilité d’élocution, il n’est pas malaisé de citer quantité d’orateurs illustres qui ne réussirent point, malgré tous leurs efforts, à se montrer supérieurs dans l’art si délicat d'écrire. 11 n’en est pas moins vrai que, sous un régime démocratique, et pour ce qui regarde la direction des assemblées, l’orateur, alors que tout son talent consisterait en une banale faconde d'avocat, passe avant l'écrivain, celui-ci fûtil de ces puissants génies dont les œuvres, bravani les atteintes des siècles, sont destinées à survivre à la langue qui les a produites.

Si nous voyons parfois Baudot à la tribune, ce