Un témoin de la Révolution française : Journal de Benjamin Cuendet de Sainte-Croix (Suisse), officier de la garde nationale à Lyon, 1769-1815 : ouvrage orné de deux portraits et de planches en fac-simile
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1783. juillet 29. Mon fils est parti pour aller apprendre à travailler : il a la taille de 4 pieds 3 pouces 6 lignes.
Aout 7. Il est parti de Genève pour S!° Croix avec M. Junod et il est revenu à Lyon avec son cousin David le 16 février 1784.
1783. Janvier 19. Monsieur Montgolfiér a fait partir un ballon aux Brotteaux qui était deux fois gros comme le dôme de l'hôpital ; il a été trois fois haut comme Fourvière et il est retombé au troisième pré contre les Charpennes. Il y avait huit hommes dedans.
1784. 3 mars; j'ai été au Consulat pour faire agréer mon épouse dans le corps des Merciers.
1784. Le 31 mai, mon fils est partiet le 1° juin il est arrivé à Chalaix? chez les frères Gillet, où je donne 360 livres pour deux ans.
1785. Septembre 12. Il est arrivé des Esclaves dans Lyon, et le 13 on a fait la procession ; le 14 partis à Paris ?.
Le 13 novembre, l'on a été à l'Assemblée aux Brotteaux, maison Mouron.
1786 aoust 7. Les ouvriers en soie se sont attroupés et se sont retirés sans bruit. le 8, ils y étaient derechef et sont rentrés en ville à 6 heures du soir et ont été sur la terrasse de Mr. Tolozan, à qui ils demandaient deux sols d'augmentation; sur quoi les cavaliers les ont repoussés et chargés de coups de sabre et ont tiré dessus, dont plusieurs ont été tués ou blessés soit ouvriers ou bourgeois qui se rencontraient dans les rues dans lesquelles l’on n'osait pas mettre le pied. Chacun avait fermé les boutiques et l’on tremblait de frayeur
1 Voir, dans Lyon de 1778 à 1788, par Metzger et J. Vaesen, p. 6 et 19, une très intéressante relation de cette ascension. La découverte des Montgolfier était de l’année précédente. Tout ce que dit ici B. Cuendet est très exact.
? Challex, petit village situé à la frontière suisse, sur le Rhône, près de Collonges.
3 Ces Esclaves n'étaient autres que 313 Français, prisonniers des Barbaresques, qui avaient été rachetés à Alger par les chanoines de la Trinité et les Frères de la Merci. On les promena solennellement. (voir Journal de Lyon, 28 septembre 1785).
f Il s’agit d’une assemblée du culte protestant. On sait que « depuis la Révocation de l'Edit de Nantes et sous le règne de la tolérance, les Réformés de cette contrée (Lyon) ne se rassemblaient pour la célébration de leur culte qu'en plein air et hors de la ville ; les sépultures ne pouvaient avoir lieu que la nuit et sous l’escorte de quelques gardes; mais jamais les habitans catholiques de cette ville ne se portèrent à aucun acte de violence contre les Réformés, » (Rabaud le jeune, Annuaire, p. 242).