Un témoin de la Révolution française : Journal de Benjamin Cuendet de Sainte-Croix (Suisse), officier de la garde nationale à Lyon, 1769-1815 : ouvrage orné de deux portraits et de planches en fac-simile

— 19 à l'assaut, par ceux qui étaient à la Bastille), le Grenadier, dis-je, a eu la croix de S' Louis que le traître de Launay, gouverneur, portaitt.

1789. Juillet 2. Mr. Foulon qui avait été nommé ministre d'Etat et qui avait feint s'empoisonner, a été découvert et pendu à une lanterne. Le 23. Mr. Berthier, gendre de Mr. Foulon, a été mis à mort, dont j'ignore la manière.

Juillet 28. Mr. Necker est arrivé à Versailles, à la satisfaction du Tiers des Français.

— Une troupe de paysans ont commencé à mettre le feu aux châteaux des seigneurs, dont il y a eu beaucoup de punis?.

— Septembre 10. La comtesse d'Artois a passé à Lyon pour aller en Savoic*.

1790, et le dimanche > février, le sieur Unber (sic), aristocrate et traître, a voulu faire relever la Garde bourgeoise à l’Arsenal par une compagnie de volontaires voués à son service, lesquels ont eu le refus du poste. Sur quoi les volontaires ont eu la lâcheté de faire feu sur les Bourgeois; ce qui a excité un grand tumulte et tant blessés que tués une vingtainef.

— Avril 12 et le lundi avant midi, Messieurs Palerne de Savy, maire de Lyon et les 21 qui composent la Municipalité, avec les 42 notables ont prêté serment sur le parvis de l'Hôtel de Ville; de là, fait la procession à l'église S' Jean, où l’on a chanté le Te Deum ; de là, ils sont revenus à l’hôtel de ville.

1790. avril 18. Mon fils est parti pour aller à Paris avec Domi-

1 Autant Cuendet est exact el sûr quand il parle des choses de Lyon qu'il a vues, autant il manque d’autorilé quand il se fait l'écho des nouvelles venues de Paris. Mais, même alors, il reste intéressant, en ce qu'il nous montre comment ces nouvelles arrivaient déformées à Lyon et comment elles y élaient accueillies. Il n’y a donc pas lieu de relever ses diverses inexaclitudes sur la prise de la Bastille. Il suffit de constater l'effet que l'événement produisit dans la seconde ville de France. .

2? C’est la Jacquerie, connue sous le nom de la Grand'Peur. Elle éclata dans presque toutes les provinces. Sur ses effets en Beaujolais, voir les Lettres de Madame Roland, des à el 7 aoûl 1789: voir aussi la Peur en Dauphiné, par L. Conard, 1904.

3 Le Comte d'Artois avait émigré dès le 17 juillet; sa femme émigrait à son tour et allait le rejoindre à Turin, où il venait d'arriver.

4 Tolozan de Montfort, prévôt des marchands, avait quitté Lyon depuis peu, et, en son absence, c'était Imbert-Colomès, premier échevin, qui commandait dans la ville. Sur cette prise d'armes du 4 février 1790, voir Maurice Wahl, ouvrage déjà cité, p. 130-131.