Une séance au Parlament anglais en 1791 : discourt prononcé à la rentrée de la Conférence des Avocats le 22 décembre 1879
7 cette terre de liberté, où la France, libre à son tour, devait rencontrer sa plus cruelle ennemie ?
L'Angleterre, Messieurs, ne connaissait pas le pouvoir absolu du roi; on savait que deux assemblées y étaient souveéraines, que l’une d'elles était élective; c'en était assez pour que, de loin, les sujets de Louis XV jetassent un œil d'envie sur un pays où l'impôt était voté (1).
Au fond, l'état social de l'Angleterre répondait-il: aux conquêtes qu’on rêvait en France ?
Le général Lafayette, qui excellait à peindre d’un mot une situation, mieux, peut-être, qu'à en sortir, a dit, un jour, de l'Angleterre : C’est une corporation d'aristocratie ! Ajoutons : la corporation la plus savamment organisée qui se puisse rencontrer.
L'aristocratie est partout : disons, tout desuite, que, sentant le prix de sou pouvoir, elle se montre bonne reine, et que, guide d’un peuple dont le sens pratique est la vertu distinctive, elle fait au caractère national de larges concessions. x
Tandis qu'ailleurs l'aristocratie se confond avec
(1) « C’est en Angleterre, écrit M. Villemain, qu'il existait des
« États permanents et libres, un droit ancien de discussion sur les « intérêts publics; c’est l'Angleterre qui, dès le temps de Comines, « paraissait à cet historien judicieux un pays à part où le peuple « avait ses droits dans le gouvernement et se mélait des affaires, » (Tableau de la littérature du XVIIIe siècle.)