À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

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dit, s’est beaucoup mêlé des affaires du défunt il y a quelques années, qui depuis était moins bien avec lui, et dont on ne garantit pas la délicatesse.

M. Davis, que vous devez être à portée de connaître, que l’on croit ami de l’Ev. d’Aut.', a eu beaucoup de relations d’affaires avec M. Chabos le père. Le notaire de ce dernier à Londres s'appelait David, ou Samuel Johnson, ou Johnston, cette dernière note peut être utile.

Mais voici un fait constant qui mérite attention. Ce fait est que M. Chabos père a fait passer entre les mains d'un banquier français très connu, M. Boyd, l’année dernière, une cassette de diamants, contenant au moins un S'-Esprit, une épaulette superbe de colonel, une autre sans frange, une ganse et un bouton de chapeau, un bouton de col d’un diamant jaune, et des boucles de souliers et de jarretières. Le fils a été dans la confidence de cet envoi. M. Edouard Walkiers a été l'intermédiaire de la remise de ce dépôt à M. Boyd. Cet objet est d’une assez grande valeur. MM. Boyd et Bienfeld, banquiers, demeurent Doverstreet à Londres. Mais voici ce qui paraît inquiétant. M. Chabos, avant la mort de son père, vers le milieu d'octobre, cherchant des ressources pour vivre, s’est adressé à Boyd, et lui a demandé un crédit sur la Suisse. Boyd, instruit de la mort du père, arrivée dans l’intervalle, a répondu qu’il allait s’en occuper, qu’il désirait beaucoup le pouvoir, mais que le défunt lui devait des sommes considérables, et dans cette lettre il ne dit pas un mot du dépôt de diamants. Le fils n’a pas la moindre notion de ce prêt ou d’une dette, et Boyd ne sait peut-être pas que le père lui avait confié le secret du dépôt, en lui disant que cela ne serait connu que d’eux deux, et serail toujours à la disposition de l’un ou de l’autre. On ne peut pas imaginer qu'un homme comme M. Boyd puisse être un dépositaire infidèle, mais, comme vous voyez, cela demande explication.

1. Talleyrand, évêque d’Autun. — O. K.