À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

2 REVUE HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tune de son père. Mais, pour cette dernière tout au moins, l'entrée

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en possession se heurtait à bien des difficultés, dont la principale venait de l'absence d'indications précises sur les dépôts faits dans les banques d'Angleterre par le duc d'Orléans.

C’est alors que, pour venir en aide au fils d'Égalité, le marquis de Montesquiou s’adressa à Francis d’Ivernois, membre du Grand Conseil de Genève, qui avait été l’un des négociateurs de la convention du 2 novembre, et qui, par ses relations en Angleterre, pouvait mieux qu'aucun autre faciliter et guider les recherches. Montesquiou lui écrivit dans ce but les lettres qu’on va lire, dont les originaux sont conservés dans les papiers de d’Ivernois (carton I, liasse 1) à la Bibliothèque publique et universitaire de Genè ve.

Orro KARMIN

Ce 15 novembre 1793,

J’ai à vous consulter, mon cher ami, sur une affaire très intéressante en elle-même, et qui par ses résultats peut devenir très importante et très utile pour moi.

Vous savez que M. le Duc d'Orléans vient d’être condamné à mort par les gens dont il passait pour être le complice. Je le méprisais trop pour le regretter, mais cet événement intéresse un jeune homme que le hasard m’a fait connaître et que j'aime tendrement. Ce jeune homme est son fils aïné. Il a autant de vertus que son père avait de vices. Il s’est brouillé avec son père lorsqu'il eut voté la mort du Roi, et se trouvant décrété d'accusation avant même la défection de Dumouriez, sous qui il servait, il prit à cette époque le sage parti de la retraite. Il est venu alors en Suisse, où malheureusement pour lui Mad. de Sillery' vint en même temps. L’horreur qu'inspirait le nom de son père, le mépris général pour Mad. de Sillery ont causé à M. le D. d. Ch. [Duc de Chartres] beaucoup

1, Mr: de Genlis. — O. K,.