À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

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j'eusse engagé des hostilités imprudentes vis-à-vis de l’homme à qui je ne crois pas des intentions très pures, mais que je sens bien qu'il faut ménager pour lui faire rendre gorge. Mes hostilités n’ont consisté jusqu'ici que dans des lettres assez adroites pour le forcer à des commencements d’aveux dont je crois que l’on pourra tirer parti. La lettre de crédit qu’il a envoyée ne court plus de risque, car elle est touchée, et l'intention du propriétaire est bien de ménager cette ressource. Mais il sera forcé à des frais indispensables. Ceux du voyage en France d’un Suisse intelligent et sûr pour y déterrer des débris, et même des renseignements sur ce qui peut être en Angleterre, me semblent indispensables. On ne peut que perdre à attendre. D'ailleurs la sœur partage les ressources du frère, et cette sœur a une Duègne! qui est d’une habileté rare pour s'emparer de l’argent d’autrui. Il est vrai que cela est moins facile qu’autrefois. Mais enfin c’est un obstacle à la stricte économie, et il est important de ne pas s’endormir sur les moyens d'augmenter les ressources et de mettre un revenu à la place des capitaux si importants à ménager. J’espère que M. Duval, aidé de vos lumières, parviendra à quelque découverte, et qu'il fera en sorte que celui pour lequel il agira soit dispensé d'aller lui-même faire valoir ses droits. Il est dans ses principes de rester dans un pays neutre tant qu'il y en aura, et il n’y aurait qu'une indispensable nécessité qui pût le déterminer à solliciter la faveur d'aller faire ses affaires lui-même.

Je n'ai pas été surpris du Bill que M. Pitt a fait passer en faveur des familles françaises qui ont des fonds en Angleterre. Vous savez que je l’avais prévu, et que je n'avais pas même conçu un doute à cet égard.

Vous comptez pour peu de chose la valeur du mobilier que M. C. le père avait dans sa maison, ou dans ses mai-

1. M®° de Genlis était, à cette époque, retirée dans un couvent près de Bremgarten, avec Adélaïde d'Orléans. — ©. K,