À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

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tirer. Mais je renvoie tous ces détails aux lettres que j'ai déjà écrites, et je recommande toujours à vos bons offices une cause qui me paraît bien intéressante.

Je vous ai précédemment accusé la réception de la lettre qui accompagnait le roman de Made de F.'1l a eu beaucoup de succès auprès du petit nombre de personnes qui a été à portée de le lire, entr'autres Made de Staël. Je vous prie de le dire à l’auteur. Elle est venue passer quinze jours à Zurich dans l'espérance que sa protection ferait accueillir encore plus favorablement son ami Mathieu de Montmorency. Mais elle ne lui a été bonne à rien, et ils viennent de repartir pour Lausanne où Mad° Necker se meurt tout à fait’. Pendant le séjour de Mad° de Staël à Zurich, j'y ai vu une jeune femme, votre compatriote, qui est en route pour Londres à présent avec son mari; c'est Made Germani, fille de M. de Saussure. J'ai vu aussi quelques Genevois qui espéraient que leur nouveau régime s’établirait paisiblement et que Genève par la suite pourrait être habitable, C’est ce qu’on saura dans quelques mois, car tous les nouveaux pouvoirs sont en fonction. Je désire bien de vous y revoir un jour, mais je ne l’espère guère.

Ce que vous m’apprenez de la déroute de Bidermann et de l'intérêt que vous y aviez m'afilige extrêmement. Je suis étonné que vos idées funestes et trop bien réalisées sur le sort de vos affaires ne vous aient pas engagé depuis longtemps à retirer tout ce que vous aviez dans cette caverne de voleurs. Tout cependant n’est pas désespéré. Bidermann n'a pas encore figuré sur le grand théâtre, et ceux qui ont beaucoup, quoiqu'ils courent plus de risques que d’autres, ont aussi plus de ressources. Si vous receviez quelque nouvelle consolante, j'espère que vous m'en feriez part.

1. Flahault. — O.K. 2. M°° Necker mourut, en effet, en mai 1794, à Beaulieu, près Lausanne. —

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