Bitef

gospodara и drugont komadu. Ili, obratno. 8. Tartif i Don 2nan. Tartif se maze igrati kao metamorfoza Don Zuana, to jest maze se izmeniti hronologija i smatrati da Tartif nije niko drugi nego sam Don Zuan, koji je na sebe uzeo masku bogomoljca; Don Zuan, posle pohvaie licemerju, postaje Tartif. 9. Elimira, Agneza i Selimena. Pokazati slicnost izmedu odnosa Armi fa i Agneze i Alsesta i Selimene. Stara Malier eova tema: stari kaóni despot i mladi Ijubavnik. 10. Dorina, Molière. Ona lici na njega. Ona je uvek samo sluzavka, kao sto je Molière kraljev sobar. Ona ima velike prerogative и odnosu na Organa kao sto on im и odnosu na monarha; ona obavestava oca о sverna sto se dogada и parodici, ali njoj se nikada ne veuje; imaju prava cak i da je taka, nije potrebno da ona ide suvìse daleko, uvek je tu palìca da je spreci da govori. I kao sto Molière pravi kraljevsko pozoriste, tako i Dorina zabavlja svet. Ona katkada place, a on je katkada razgnevi. 11. Tartif, Molière, uljez koga niko nije zvao. On izaziva necuven nered i svi se, napokon, ujedinjuju da ga übiju. On ni od kuda ne dolati, a kuda ide? Niko nece da stasa njegovu istinu. Evo slike koju on zeli da ljudi о njemu sacuvaju. Treba da bade Spasilac. Kakva razlika izmedu njega i Spasioca? А ко пат kaze da Uljez nije za Molièrea licno Hristos? V katolickom svetu mozda je bilo pravih razloga da se osudi komad. 12. V osmvi svega ovog lezi stara forma misterija ; farsi. Pojava zia, muz pod stolom, nesrecni rogonja Hi zaljubljena seprtlja. (Antoine Vitez, mart 1978)

quelques remarques 1. On répète à la fois quatre pièces de Molière, comme s'il s'agissait d'une tétralogie; les quatre séries de répétitions sont entrelacées. 2. On joue les quatre pièces en alternance, l'une après l'autre. On constitue pour cela une compagnie d'une douzaine d'acteurs, qui se répartissent les rôles. Ainsi on réinvente, modestement, des idées très connues déjà, primitives, essentielles : la compagnie, l'alternance, de même l'unité de temps et de lieu. 3. Chaque pièce est l'histoire d'une journée. Cela se passe le jour où. Il n'y a rien ni avant ni après. Par exemple, le Misanthrope a lieu le jour où Alceste sera vu pour la dernière fois dans le monde. Il faut montrer cela. Un peu comme si chaque pièce racontait la mort de quelqu'un. Molière, peut-être. Après, rien ne sera plus comme avant. Cette idée nous guide. 4. Tout s'achève dans la nuit, ou au point du jour. Flambeaux.

5. Il n’y a qu’un seul décor pour les quatre pièces, il représente à la fois l’intérieur et l’extérieur, suivant qu’on jous le Tartuffe, par exemple, ou l’Ecole des femmes. Les meubles sont seulement deux chaises, une table, et il y a aussi des flambeaux et un bâton. C’est ainsi que la compagnie de Molière donnait le tartuffe. 6. Les acteurs ne pourront pas beaucoup s’asseoir, ils resteront debout. 7. Les personnages sont des héros: Alceste, Philinte, Arnolphe, etc. Après tout, ils portent des noms antiques. Oreste et Pylade dans le salon, Timon d’Athènes à Versailles, etc. 8. Au cours des répétitions, on fait apparaître les correspondances entre les personnages et les situations des quatre pièces, on copie une pièce sur l’autre, et celui qui joue un valet ici garde un peu quelque chose de cela pour jouer un seigneur làbas. Ou l’inverse. 9. Tartuffe et Don Juan. On pourrait jouer Tartuffe comme un avatar de Don Juan, c’est-à-dire renverser la chronologie et considérer que le personnage de Tartuffe n’est autre que Don Juan lui-même, qui aurait pris le masque du dévot: Don Juan, après l’éloge de l’hypocrisie, devient Tartuffe. 10. Don Juan et Alceste. La même flamme les brûle. Martyrs l’un et l’autre. Leurs discours se ressemblent. Si l’atheisme a besoin de martiyrs, mon sang est tout prêt, dit le marquis de Sade. 11. Elmire, Agnès et Célimène. Montrer semblablement la relation d’Arnolphe avec Agnès et celle d’Alceste avec Célimène. Molière toujours: vieux tyran domestique et amant juvénile. Et les femmes ne sont pas peintes en elles-mêmes ni pour elles-mêmes, mais relativement à lui. 12. Dorine, Molière. Elle lui ressemble. Elle n’est jamais dans la famille qu’une servante, de même que Molière est valet de chambre du roi. Elle a de grandes prérogatives auprès d’ Organ, comme lui auprès du monarque, elle avertit le père des choses qui se trament dans la famille, mais on ne la croit jamais, on a le droit de la battre, il ne faut pas çu’elle aille trop loin, il ne faut pas qu 'û aille trop loin, il y a toujours un bâton pour l’empêcher de parler. Et, de même que Molière fait le théâtre du royaume, Dorine aussi amise le monde. Parfois elle pleure, et Molière aussi enrage. 13. Tartuffe, Don Juan, l’Etranger qu’on n’a pas invité. Il provoque un désordre extraordinahe, et tout le monde, finalement, se ligue pour le tuer. Il vient de nulle part, il va où? Personne ne veut écouter sa vérité. Voilà en tout cas l’image que Tartuffe aimerait bien qu’on garde de lui. Il passe, comme le Rédempteur. Quelle différence y-a-t-il entre le Rédempteur et lui? Qui nous dit que l’lmposteur n’est pas le Christ lui-même, pour Molière? Dans un royaume catholique, on avait peut-être tout à fait raison de condamner la pièce. 14. Au fond de tout cele gît la vieille forme des mistères et des farces. Le passage du Malin, le mari sous la table, le barbocornard, ou l’atrabilaire amoureux. (Antoine Vitez, mars 1978.)