Bitef

Alain GAUTRÉ, Thierry GIME- 1 NEZ, Alain HERZOG et Pierre I PRADINAS. Il a été créé en 1976. Les rapports difficiles des jeunes troupes avec les I directions de théâtres l’ont conduit à | ouvrir en AVIGNON, pendant le festival un lieu. Disposant de sa structure, le Théâtre du Chapeau Rouge a décidé d’en faire profiter d’autres 1 jeunes troupes connaissant les mê- i mes difficultés que lui. [ Depuis, chaque année, pendant le î Festival d’Avignon, en plus de ses I propres pièces, le Théâtre du Cha- 1 peau Rouge propose une program- 1 mation dont le critère principal est la s création sous toutes ses formes. Au- i teurs contemporains jeunes metteurs 1 en scène, groupes de musique, de danse, jeunes cinéastes, expositions 1 diverses ont été invités et dessine- I nent une certaine mouvance que le • Théâtre du Chapeau Rouge, dans sa 1 diversité, représente. 1 i 1975 - L' lntervention de Victor HU- ; GO à Paris Alliance Française i 1976 - Freaks Society d’Yves NA- ; VARRE en AVIGNON 1977 - Reprise à Paris à l’Espace i Pierre CARDIN 1978 - Place de Breteuil d’Alain GAUTRÉ en AVIGNON 1979 - Tournée en province et reprise a MARSEILLE - Babylone d’Alain GAUTRÉ en AVINGNON 1980 - Reprise à PARIS au Théâtre de la Tempête - Cartoucherie de Vincennes. - Tournée en Belgique et Suisse - Rude journée en perspective... de Pierre PRADINAS et Yann COLLETTE en AVIGNON - Reprise à PARIS au Lucemaire Forum et à GENEVE 1981 - Torunée en FRANCE ET À l’étranger (Belgique, Islande, Danemark, Tchécoslovaquie et Roumanie) - Itinéraire bis de Alain GAUTRÉ et Pierre PRADINAS, film moyen métrage réalise par Pierre PRADINAS et le Chapeau Rouge pour Antenne 2. Diffussion le mardi 6 octobre 1981 - Tournage vidéo pour ANTENNE 2 (réalison Jean Noel ROY) de Rude journée en perspective... non encore diffusé. - Stages de formation de l’acteur animé par Alain GAUTRÉ Tous les spectacles de la compagnie ont été réalisé par Pierre PRADINAS et créés en AVIGNON au Théâtre du Chapeau Rouge. □

111 - Hi&'i J - у Gevrey - Chambertin J < Le spectacle t Après PLACE DE BRETEUIL, 1 pièce qui critiquait la bureaucratie à i travers les comportements de quatre 1 personnages représentatifs de la I France et de ses mythes, BABY- : LONE, qui inventoriait les hautes 1 sphères d’un pouvoir où régnaient le 1 mémpris et la mégalomanie, et RU- 1 DE JOURNEE EN PERSPECTI- « VE ... qui disait l’inquiétude des pe- i tits, des modestes et dénonçait vio- ] lemment le concept renaissant de . « l’élite » le Chapeau Rouge prépare 1 un nouveau spectacle. 1 Ce spectacle sera le regard d’un homme de vingt huit ans aujourd’hui sur ses origines, ses souvenirs, les gens qui l’entouraient et ceux qui composent actuellement son cadre de vie. Il s’interroge, imagine en rêvant ce qu’il n’a pas connu, il se souvient de ce qu’il a vécu, par bribes, certaines confondantes de réalisme et d’authenticité, d’autres plus confuses, comme sont les souvenirs où le détail parfois le plus anodin ou saugrenu supplante par sa force d’évocation la situation qui lui correspond, une odeur faisant revivre un monde aux lisières incertaines, brouillard du temps. Mais ces souvenirs là, ces bribes mises bout à bout, dans une logique implacable qui n’est pas celle de la chronologie, mais celle du parcours d’un homme, poétique, ces souvenirs là composent dans leur en: semble un monde imaginaire et intuitif qui constitue le bagage mental et . même physique de l’homme d’au. jourd’hui, de l’homme vivant. La forme t Lassés par des textes littéraires ou i anciens au théâtre, non que nous ne - les respections pas car ils sont véné• râbles et ont rarement manqué d’ê- tre, à leur époque, ce que nous avons envie de créer aujourd’hui, mais las! sés par l’acteur qui déclame quelque ; tirade que non seulement nous com; prenons mal dans sa formulation mais dont nous n’excusons l’inadaptation à la réalité actuelle que par le respect du chef d’oeuvre, lassés par ; les contorsions plus ou moins habiles - auxquelles se livrent des metteurs en i scène le plus souvent au détriment des acteurs pour nous restituer les

beautés passées de nos belles lettres, i nous avons choisi de faire un théâtre . tel que nous aimerions le voir et cette 1 volonté nous a conduit à travailler i sur l’écriture théâtrale. Après avoir travaillé de différentes ] manières sur l’écriture de pièces, I l’une intégralement écrite par Alain i Gautré avant le commencement des : répétitions (Place de Breteuil 1978), l’autre par le même auteur, également acteur dans la compagnie, à la fois avant et pendant le travail, en relation directe et constante avec les acteurs et le metteur en scène (Babylone 1979), nous en étions arrivés à travers une double expérience théâtrale et cinématographique à une écriture simplifiée à l’extrême et purement fonctionnelle (Rude journée en perspective... 1980, Itinéraire bis Antenne 2 1981). Cet aspect fonctionnel et urgent, nécessaire, du mot, nous a amené à réduire son emploi à très peu d’unités, le sens du verbe lui étant restitué, selon nous, à la fois dans sa plénitude et dans sa complexité par un emploi limité. Cette démarche a, pour nous, un sens profond à l’heure où les mots sont suremployés dans des directions différentes; leur sens se perd dans le langage courant, la pléthore créant l’approximation et la confusion, nous devons voir l’époque dans sa complexité et tacher de parler un langage clair pour toucher notre public. De cette limitation de l’usage des mots naît un manque. Ce manque nous intéresse au plus haut point. C’est la théâtralité, le langage de l’acteur, qui, en plus de sa voix, peut faire des gestes, se mouvoir dans l’espace, s’exprimer par l’usage de son corps. Cela n’est pas nouveau, mais voilà comment nous tentons d’apporter quelque chose à cette démarche à laquelle notemment, le cinéma muet a largement contribué, l’usage des mots lui étant interdit, i II se trouve donc, qu’à propos de : « Gevrey Chambertin », il est impossible d’aborder la question de ■ l’écriture en elle-même, séparée des ¡ autres composantes de l’ensemble. ■ Nous n’employons plus le terme de ; pièce à propos du texte, la pièce est ■ l’enseble, c’est le spectacle. i Les autres composantes de cet en■ semble sont l’interprétation ellemê; me, qui, pour nous, n’est plus une r formulation mais un langage, la mu; sique, que nous ne voulons pas ajoui tée au texte, mais composée en mêt me temps que lui, et la mise en scène f en scène qui détermine l’édification

de l’ensemble ou pièce de théâtre. Ainsi le texte écrit, l’un de ses axes fondamentaux, n’a-t’il pour le lecteur qu’une valeur indicative, relative, et insuffisante pour cerner notre propos: il ne va pas sans le geste, qui le complète, le contrarie, le contredit et lui donne ainsi son sens plein. Ainsi une phrase, banale ou confuse pour le lecteur deviendra-t-elle riche de sens pour le spectateur. Nous disposons, au départ des répétitions, d’une quarantaine de propositions de travail organisées par notre dramaturge Alain Gautré autour d’une trame rigoureuse s’appuyant sur un travail de plusieurs mois de recherches historiques, journalistiques, bibliographiques et d’analyses de la période sociale que nous vivons. Ces propositions de travail, auxquelles ont contribuées les acteurs notre compositeur Albert Marcoeur et le metteur en scène, se présentent selon les cas sous la forme d’un récit, d’un dialogue ou d’un thème musical. Elles seront développées et travaillées en répétition en présence de tous, chacun dans sa fonction. Alain Gautré et Albert Marcoeur assisteront à toutes les répétitions, réécriront ou inventeront des dialogues ou des sonorités en fonction de l’évolution du travail. Des propositions disparaîtront, et celles qui resteront seront organisées pour former le spectacle, dont la formulation ressemblera au mécanisme de la mémoire qui procède par assimilation de sons, d’images, l’une appelant l’autre en fonction de la subjectivité de notre « héros », et non de la chronologie des faits rapportés. □ Pierre Pradinas, Octobre 1981

Tendres banlieusards ~. Parmi les élèves, le petit Vincent. Il raconte sa vie, ses parents, sa famille de paysans venus à la ville. C’est une histoire de la France profonde regardée avec une ironie tranquille. Une rêverie découpée en tableaux, imagerie faussement candide dont les personnages ont des contours simplifiés d’une extrême précision, bougent comme dans les animations réduites des cartoons publicitaires pour la télévision, et leurs voux nous parviennent à travers des micros. Cela donne une impression de force acerbe, d’éloignement dans